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WEI OR DIE  (2015) : The Rules of Submission

Prêt pour une immersion kaléidoscopique et multi-technologique dans l'un des fameux Week-End d'Intégration (le WEI du titre) d'une prestigieuse école de commerce !? Rien ne nous sera épargné, depuis l'arrivée en bus dans un gîte en pleine campagne jusqu'aux beuveries saturées de décadence et de stupre tard dans la nuit, l'occasion de mettre ainsi en lumière au travers du processus de bizutage les prémices du conditionnement social de toute une génération, pas la moindre puisqu'il s'agit au fond de l'élite de demain : hiérarchie abusive, soumission obligatoire en qualité de nouveau venu, allégeance aveugle si tu veux monter les échelons un peu plus vite, t-shirt mouillé si t'as pas de piston..Et soudain c'est le drame, tout bascule, en plus des quelques comas éthyliques aperçus dans les coins, le débordement de trop, un étudiant est retrouvé noyé. Et puisque aujourd'hui tout se film, le spectateur se retrouve en quelque sorte du point de vue de l'enquêteur, avec une tonne d'images sur les bras, issues aussi bien des dispositifs de sécurité que des smartphones de tout le monde (repoussant par là les limites-même de l'espace diégétique, qui se fera hélicoïdale le temps d'une séquence -un drone ayant été invité pour l'occasion) et il devra donc essayer de trouver son chemin au travers des différents points de vues afin de remonter aux sources du drame.


Postulat assez sympathique et somme toute belle initiative de la part du réseau public que cette fiction uniquement visible sur le web, puisque reposant sur un mode de visionnage totalement interactif – d'autant que oui, certaines images ne sont pas non plus tout à fait montrables à un jeune public. Une belle appropriation pas trop en retard des thématiques d'aujourd'hui, on pense notamment à des films comme Open Windows ou Unfriended qui au travers du choix judicieux d'une retranscription médiatisée par le biais de nos technologies contemporaines proposent un regard plus rapproché et plus précis de la matière exacte de nos interactions, même si on est encore loin de la référence-coup-de-maître de Mike Figgis en 2000 avec Timecode. Une belle réponse au flot continu d'informations qui nous inondent aujourd'hui, combattre l'image par l'image (après tout si comme disait Malraux « le XXIe siècle sera spirituel ou bien ne sera pas » c'est d'abord et avant tout une question de mentalité), même si nous savons que cette tendance à la proximité au cœur d'un événement flirte parfois allègrement avec le voyeurisme et la complaisance (La crème de la crème de Kim Chapiron, un peu maladroit quand-même, oui?) - cependant je saluerais néanmoins bien bas l'intégralité du casting féminin qui a bien voulu enlever leur t-shirt, mes hormones ont passées un très bon moment.


Wei or Die cède en effet quelque peu à la tentation clipesque, même si n'oubliant aucune des figures imposées inhérentes à son sujet : l'opulence et le gaspillage ne manquent pas d'écoeurer, même si on reste cependant assez loin de certains marathons de bizus bien plus violents. On a quand-même droit à quelques belles idées notamment le point de vue du petit cochon – je veux dire l'animal de ferme - qui heureusement ne semble pas avoir trop souffert des conditions du tournage, et qui donc à l'image de certains personnages, pourrait même bien avoir vécu son quart-d'heure de gloire. On s'encanaille ensuite un peu plus avec un drôle d'arrière-goût par des clins d'oeil au Eyes Wide Shut de Kubrick comme si malgré tout, cette joyeuse indifférenciation n'en demeurait pas moins le terrain de réalisation de conte de fées assez sympas et un peu coquins.. Mouais. Au fond l'amour c'est un peu ça, c'est être au bon endroit au bon moment et comme l'a très bien démontré DSK, la société du travail , ainsi que nos belles institutions en général sont d'abord et avant tout des Clubs Med qualité Prémium. Le fait d'avoir eu droit en guise de préliminaire à un type avec un masque de reptilien en train de nous faire un gros doigtus bien tendu laisse à penser toutefois que les auteurs (Simon Bouisson et Olivier Demangel) n'ont pas complètement perdu de vue leur sujet, que l'on adhère ou non à la théorie complotiste plus ou moins évoquée ici.



Le terme de didactique serait un peu fort, même si nous avons droit à des personnages-guides ouvertement en mode télévisuel (les deux jeunes mecs un peu « raves », les plus éloignés de la trame principale, un brin commentateurs) ou bien encore l'énonciation un peu martelée à propos de l'accès V.I.P aux Fraternités, le film joue toutefois assez allègrement avec la capacité d'attention du spectateur quand à savoir qui sera donc la victime fatidique et collatérale de ce rite initiatique sans pitié, ouvrant finalement d'assez belles portes en ce qui concerne peut-être l'avenir de la fiction dans notre beau pays, en démontrant d'une part que, selon certaines circonstances données, une victime s'avère bel et bien un bourreau comme les autres (ce qui fait pertinamment écho au biopic sur Stanley Milgram, Experimenter de Michael Almereyda, actuellement sur nos écrans) et d'autre part en ré-ouvrant un créneau archétypal qui espérons sera peut-être repris par d'autres, une certaine mise en lumière d'une certaine caste .. « d'impunis ».


C'est par ici pour vous faire votre propre idée !



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