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The Boxer's Omens (1983) – Crazy Black Magic Kung-Fu Fighting

Gangster à ses heures perdues, Chan-Hung échappe de peu à une tentative d'assassinat par un gang rival grâce à l'intervention inopinée d'une entité surnaturelle dont il a bien du mal à s'expliquer l'apparition. Peu de temps après, il se voit contraint de venger l'honneur de son frère, paralysé à vie suite à un combat de boxe gagné sans honneur par le champion en titre thaïlandais. Parti défier ce dernier dans son pays, il se retrouve attiré par un temple bouddhiste, où des moines lui révéleront qu'il possède un deuxième frère, un frère de karma, un vaillant guerrier mystique qui a besoin de son aide pour se délivrer de l'emprise d'une terrible malédiction (pour s'être interposé en travers des plans machiavéliques d'un magicien noir) qui, de par leur lien, le touche aussi. Quelque peu poussé par la force des choses, Chan-Hung va donc devoir subir un double-entraînement, à la fois physique et spirituel, afin de mener à bien ses différents combats..




Présenté souvent comme un amalgame improbable entre La Montagne Sacrée d'Alejandro Jodorowsky, Altered States de Ken Russell et Rocky de Sylvester Stallone, c'est malgré tout faire bien peu honneur au film de Kuei Chi-Hung qui atteint des sommets en terme de frénésie visuelle comme il en est rarement donné à voir sur un écran. Pour commencer de se faire à peu près un début d'idée du spectacle, il s'agirait d'évoquer bien plus un film comme Hausu, le chef d'oeuvre de Nobuhiko Obayashi, qui fait encore office de nos jours de référence quasi-indétrônable dans le registre, si ce n'est qu'ici nous évoluons dans des sphères encore plus macabres, et surtout un rien plus extrêmes. Car malgré des atours de récit initiatique, le film s'avère en réalité assez dénué de propos (!) (oui bon, il y a bien une petite réflexion sur les notions d'honneur et de déshonneur, notamment le manquement à une parole donnée) son intrigue servant contre toute attente de prétexte à des duels de sorcellerie tous plus azimutés les uns que les autres, où la confection des sortilèges (et leur mise en action) fait progressivement partie intégrante de la narration, pour finir par en devenir tout simplement le sujet principal, faisant basculer la trame du récit dans le grand-guignol le plus total et absolu.


D'emblée le récit ne s'embarrasse pas forcément de psychologie dans l'installation de ses enjeux, davantage concerné par l'idée de nous faire part de sa charte graphique, voire-même sensitive. C'est une caractéristique du cinéma japonais d'aller directement à l'essentiel, encore plus dans le domaine des films d'exploitation, sans passer forcément par des phases de développement auxquelles un public européen serait plutôt habitué. Aussi dans un premier temps, le film s'ouvre sur un maelström de violence, de surnaturel et de pulsions sexuelles où les conventions narratives s'entrechoquent violemment, du fait de l'impossibilité de raccorder proprement ces divers éléments entre eux, mais avec pour effet de conférer immédiatement au film une intensité incroyable, un mélange d'inquiétante étrangeté aussi bien qu'une déstabilisante modernité, qu'encore aujourd'hui l'essentiel de nos productions contemporaines n'arrivent même pas à effleurer. L'intrigue se clarifie peu à peu, et les dialogues qui jusque là n'étaient pas spécialement encombrants finissent par disparaître complètement durant des séquences entières où le spectateur bascule en même temps que le personnage dans un univers onirique et baroque à grands coups de scènes ritualisées absolument grotesques mais irrésistibles (dont une scène de mastication collective devenue culte), de déluges de transformations et de mutations les plus déviantes qui soient (un sorcier s'auto-décapite dans le seul but d'étrangler notre héros avec les artères de sa tête volante), d'effets clignotants les plus improbables (qui ont certainement du influencer irréversiblement et à jamais quelqu'un comme Damon Packard) ainsi que par toute une série de parades absolument déjantées en stop-motion de divers squelettes d'animaux, quand ce ne sont pas des créatures d'un autre monde qu'après réflexion, on aurait peut-être souhaité ne jamais connaître.. !


Cette bacchanale d'effets est attribuée généralement à des visées bassement commerciales, The Boxer's Omens s'avérant un exemple des nombreuses tentatives de la toute-puissante compagnie Shaw Brothers à l'époque (les débuts 80) sur le déclin, qui pour tenter de continuer à dominer le marché se mettait à expérimenter dans à peu près toutes les directions possibles. Elle ne fera pas le plus mauvais choix en s'adressant à l'un de leurs réalisateurs les plus prestigieux Kuei Chi-Hung, vétéran dans le domaine de l'horrifique un peu extrême (The Killer Snakes ; Corpse Mania ; The Hex Trilogy) certainement loin d'être en reste en ce qui concerne la question de « vision artistique » et qui signe ici la suite de son Bewitched sorti deux ans plus tôt – dont le final est repris dans The Boxer's Omens pour une séquence de flash-back explicative. On comprend d'ailleurs également un peu mieux les origines du choix du rythme narratif aussi effréné de The Boxer's Omens après visionnage de Bewitched (bien que les deux films peuvent se visionner tout à fait indépendamment) dont le déroulement est en soi un modèle de classicisme : l'intrigue y est très aérée et les duels mystiques n'apparaissent que passé le cap de la première heure. Cette deuxième partie apparaît donc tout naturellement issu d'une volonté définitivement immersive de partager le quotidien bien particulier des jeteurs de sorts, et de transformer les éléments qui le compose en un spectacle quasi-continu - démarche qui ne manquera certainement pas d'influencer Sam Raimi pour le deuxième volet de son Evil Dead. De plus, non content d'être déjanté, c'est aussi également très beau, on notera des décors à couper le souffle, des changements d'angles et de points de vue dans la mise-en-scène absolument chirurgicaux et de sublimes éclairages qui témoignent contre toute attente de l'influence des grands-maîtres italiens tel que Mario Bava - Fulci et Deodato n'étant pas très loin derrières non plus. The Boxer'Omens est une fulgurance sans pareil, à découvrir absolument.

Nonobstant2000


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