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The centerfold Girls (1974) - Vingt-quatre heures de la vie d'une playmate

Le périple d'un tueur en série sadique et puritain qui ne s'attaque qu'aux Miss Calendrier...


Considéré comme un petit thriller minimaliste typique des années 70, ce film de John Peyser (distribué aujourd'hui par Troma) pourrait bien se révéler moins naïf qu'il en a l'air et étonamment plein de surprises. Merveilleusement structuré, il est surtout beaucoup plus féministe que ce que l'on pourrait croire au premier abord avec son lot attendu de nudité frontale et d'hémoglobine.


Prenant appui sur le motus operandi extrêmement ritualisé du tueur (balancer le corps ; ouvrir une bonne bouteille ; rayer la fille du petit calepin) le récit se présente un peu comme une bonne vieille anthologie polar, avec les coulisses de la presse érotique pour cadre. Bien sûr nous aurons droit au passage sur les mécanismes d'avancement dans la profession les moins ragoûtants avec le sketch central (au travers d'une playmate arriviste et d'un vieux pygmalion blasé). Mais cet aspect cliché est largement contre-balancé avec les personnages annexes (la collègue acariâtre qui malgré ses défauts appelle un maquereau un maquereau, ainsi qu'une autre playmate, qui elle possède de réelles ambitions artistiques) et ce même équilibre, cette distanciation d'une forme de voyeurisme cra-cra un peu attendu, s'impose en réalité dès le premier quart d'heure pour bien vite révéler son véritable sujet, le statut de la femme aux Etats-Unis durant les années 70.

Opposant à la psychose de base qui caractérise notre tueur (toutes les playmates sont des filles de mauvaise vie, qui pervertissent autrui tout en se galvaudant elles-mêmes) des portraits féminins admirablement nuancés, le film présente dans les sketchs d'ouverture et de fermeture une critique au vitriol de la société de l'époque, délimitant bien la marge d'évolution restreinte laissée aux femmes. La deuxième saison tant conspuée de True Detective résume très bien cette idée avec une discussion entre les personnages de Colin Farell et de Rachel McAdams, quand celui-ci demande à cette dernière sa raison précise pour dissimuler des lames un peu partout sur elle. Ce à quoi elle répondra : « quand tu fais partie d'une espèce qui est en situation de se faire tuer à mains nues par une autre à tout moment, est-ce que l'on ne peut pas appeler ça une réaction saine ? ». Et bien, The Centerfold Girls ne parle que de ça. De la femme en tant que proie.


Ecartant d'emblée le cliché comme quoi toute starlette est une écervelée, le film présente sa première playmate comme une infirmière dont les parents sont aisés mais qui, elle, peine à joindre les deux bouts. En route pour un baby-sitting elle aura la candeur de prendre une auto-stoppeuse et de l'héberger pour la nuit chez sa tante (ayant appris que son rendez-vous professionnel avait été annulé) sans se douter que cela faisait partie d'un plan et que les petits copains de la jeune fille (une version à peine déguisée de la Manson Family) n'attendaient que ça planqués dans un coin. Après s'être fait passablement brimer elle échappera de justesse à une tentative de viol et trouvera refuge auprès d'un couple gérants d'hôtel. Mais une fois le travail de la police effectué, le gérant l'ayant raccompagné par sécurité (bon samaritain mais un brin volage, et encore c'est pas tout à fait le mot) s'apprête à son tour à lui inculquer quelques notions de gratitude à sa façon, avant de se décourager devant le manque de résistance de sa victime, passablement traumatisé et à bout de forces.


Le final du deuxième sketch marquait l'apparition d'un policier qui commence à voir autre chose qu'une coïncidence dans ces assassinats répétés de Miss, mais c'est son rôle à lui qui est une fausse piste : quand notre troisième héroïne (une hôtesse de l'air) aura vraiment besoin de lui, il sera parti en congé. Pour échapper au tueur qu'elle sait maintenant sur ses traces, elle prendra la route et crèvera un pneu dans la précipitation pour se retrouver secourue par deux jeunes marins en permission, qui la drogueront et la violeront. Le constat est sans appel, qu'elle soit en train de poser nue dans les pages d'un magazine ou non, la femme sera objectivée quoi qu'elle fasse.


Un constat un peu douloureux au lendemain de la libération sexuelle, que Manson a transformé presque à lui seul par ses exactions en une vaste blague. L'utopie n'a pas marché, retour donc aux bonnes vieilles valeurs féodales malgré toute l'image de modernité véhiculée, entre autre, par le confort moderne du dernier modèle Chevrolet (ça tombe bien pour ma conclusion, il y avait un plan de dix secondes sur un modèle de la marque en question, je me demandais bien pourquoi).





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